Le cotre-pilote du XVIIIe siècle

Introduction

Rarement navire à voile de cette taille à été aussi rapide en utilisant les matériaux traditionnels, comme le bois. Le cotre est un genre bien défini depuis le XVIIIe siècle, avec une coque massive mais fine de ligne à la fois, un mât unique et surtout un gréément totalement disproportionné.

Contrairement à la chaloupe de Blankenberge, de Scute, dont la construction était basée sur une tradition de plusieurs siècle et ne nécessitait aucun plan, seul une série de gabarits entrant en ligne de compte, le cotre-pilote était un bateau très élaboré et dessiné par des architectes spécialisés.

Le cotre est un bateau réputé pour sa vitesse. Tirant son nom de l’anglais cutter (couper), ce bateau fend littéralement la mer. Le voilier à mât unique gréé en voile aurique (quadrangulaire et non symétrique) compte plusieurs focs : la surface des voiles, importante par rapport au gabarit, rend le cotre rapide et maniable. Les cotres-pilotes avaient pour spécialité de déposer à bord le pilote qui devait guider les navires de commerce à l’entrée des passes, des ports, dans les zones dangereuses


J’ai besoin d’un pilote.

Il est impossible, pour un capitaine de navire, de connaître toutes les entrées de port, toutes les remontées de rivière, toutes les rades, voilà pourquoi il fait appel à un spécialiste de la région qui pilotera le navire à travers les obstacles pour amener le bateau à bon port.

Au temps des bateaux à voiles, il fallait un voilier maniable et très rapide pour amener le pilote à bord du navire demandant de l’aide pour rejoindre son port de destination. En ce temps là il n’y avait pas de communication radio et donc le navire hissait en tête de mat un pavillon signifiant «  J’ai besoin d’un pilote » .C’était les signal de départ des cotres-pilotes. En effet, il y avait souvent plus d’un cotre-pilote par port et celui qui arrivait le premier décrochait le contrat. D’où l’intérêt d’avoir un cotre très rapide

 

J’ai besoin d’un pilote


Construction

 

En l’an 2000 sous l’impulsion de Daniël Bossier, l’asbl de Scute décida de s’attaquer à la construction d’un cotre-pilote. Malheureusement  par manque de fonds et de constructeurs bénévoles le projet fut arrêté, la coque fait office de salle de réunion et de rencontre.

La coque

Toute la structure de la coque repose sur une charpente axiale composée de la quille, l’étrave, l’étambot, l’allonge de voute et l’allonge de tableau.

Sur cette structure sont placées les membrures qui donnent forme à la coque. On place ensuite les barrots, c’est-à-dire la charpente qui soutient le pont,  on ferme la coque en la recouvrant la membrures de planches épaisses ( bordage – bordé)et on termine par le placement du pont.


Les voiles

Le cotre est un voilier à un seul mât qui possède plusieurs focs. Historiquement le cotre avait une grande voile à corne parfois assortie d’une flèche. Les voiles multicolores que l’on voit sur les illustrations anciennes, n’étaient pas là pour « faire joli ». Le canevas de coton employé à l’époque était simplement traité (tanné) afin de mieux résister aux intempéries (eau, sel, pourriture) et aux effets néfastes de la lumière (rayon ultra-violet).

  • 1 Grande voile
  • 2 Trinquette
  • 3 Foc
  • 4 Flèche

Aménagement intérieur

Le cotre-pilote étant amené à prendre à son bord un équipage de trois personnes dont le capitaine, ainsi qu’un ou plusieurs pilotes et de plus il était équipé pour rester plusieurs jours en mer. Les constructeurs veillaient à ce que les aménagements intérieurs soient suffisamment confortables.

Les aménagements comportaient généralement : un grand carré central, une cuisine ou cambuse, des toilettes, des couchettes confortables, une table à carte combiné avec une couchette pour l’homme qui prendra le quart


Hirondelles

De tailles variées, les cotres ont été construits spécialement pour servir de bateaux pilotes mais ils ont aussi servi à la pêche et à la plaisance. Au Havre, on les appelle Hirondelles du fait de leurs couleurs, coques noires et pavois blanc et de la forme de la poupe en queue d’hirondelle.

L’unique survivant

Le cotre pilote Marie-Fernand est l’un des plus vieux bâtiments de travail naviguant encore en France et l’unique survivant, sous pavillon français, d’une flottille de 40 unités en 1914.

Le cotre pilote Marie-Fernand du Havre fut commandé en 1894 par le pilote Eugène Prentout au chantier naval d’Abel Le Marchand au Havre, réputé pour ses cotres vifs et solides. Il porte les prénoms des deux enfants de Prentout. Bateau de service, comme en témoignent son immatriculation H 23 (H pour Havre) et son ancre noire, insigne du pilotage, le Marie-Fernand amène les pilotes sur les navires arrivant au port.